Après avoir voyagé seule en Amérique du Sud et vécu près de deux ans à la Paz en Bolivie, j’avais très envie de voir l’exposition Géométries Sud du Mexique à la Terre de Feu à la Fondation Cartier. L’événement rassemble des photos, peintures, sculptures et installations de la période pré colombienne à nos jours.
Freddy Mamani, célèbre architecte bolivien fait partie des 70 artistes invités. Nostalgique de la Paz 😉 et toujours intriguée par cette ville à la fois chaotique et frénétique, j’avais très envie de voir briller la culture andine à Paris.
Qu’est-ce qu’un cholet ?
Pour la petite histoire, le mot « cholet » vient de la contraction de deux mots « chalet » et « cholo » (descendant indigène dans le langage populaire bolivien). Ces étonnantes constructions aux détails luxueux abritent sur plusieurs étages des salles de réception, locaux commerciaux et habitations. Le chalet se dresse tout en en haut de l’édifice.
Le célèbre ingénieur et architecte bolivien Freddy Mamani est à l’origine de plus d’une centaine de constructions. Près de 70 cholets ont été construits à plus de 4.000 mètres d’altitude. Ces édifices extravagants aux formes géométriques psychédéliques (on dirait des Goldorak 😉 ! ) sont loin de passer inaperçus ! Les cholets représentent aujourd’hui un véritable symbole de reconnaissance et d’appartenance pour la nouvelle bourgeoisie Aymara. A travers ces constructions, Freddy Mamani affiche haut et fort toute la richesse et créativité de la culture bolivienne.
Freddy Mamani et la ville d’El Alto
L’architecte des hauteurs
Freddy Mamani est né en 1971 dans le petit village de Catavi. Il aurait commencé à travailler à l’âge de 14 ans comme assistant maçon. Après des études en génie civil, il se lance dans l’Architecture de manière autodidacte. Un rêve d’enfant. Sa ville d’origine, El Alto, fait partie des plus hautes villes au monde. A la fois vibrante, anarchique et poussiéreuse, El Alto compte plus d’un million d’habitants. En arrivant à la Paz, on atterrit directement à l’aéroport del Alto à plus de 4.000 mètres ! De nuit, la vue sur la Paz est à la fois spectaculaire et éblouissante de lumières.
L’initiateur d’un nouveau style
L’ancienne banlieue de la Paz n’a pas toujours bonne réputation et est encore considérée comme l’une des plus pauvres du département. Il est facile de se perdre dans le dédale d’habitations monochromes où la végétation est quasi inexistante. Avec ses constructions fastueuses et hautes en couleur, Freddy Mamani casse ouvertement les codes de l’architecture classique. Il est aujourd’hui considéré comme le maître de l’architecture néo-andine.
Freddy Mamani à la Fondation Cartier
Avant le lancement de l’exposition, une web-série a été réalisée par Simon Depardon et Olivier Lambert. Elle donne un avant-goût du travail de Mamani. En plus de cela, des soirées spéciales ont été organisées. Cela m’aurait beaucoup plu d’assister au défilé de mode haut de couture des cholitas paceñas (originaires de la Paz). J’ai profité d’un week-end à Paris pour me rendre à cette exposition. Un « cholet » a été reconstitué à l’entrée même du musée ! C’est dans cette grande salle de réception aux couleurs tape à l’oeil, qu’ont été mis en avant quelques photos et croquis de l’artiste (trop peu à mon goût). J’ai beaucoup aimé le film retraçant la vie et le parcours de Mamani. Un moyen aussi de me replonger dans la vie paceña 🙂 .
Ici, une superbe vidéo intitulée « Cholet » sur les créations de Freddy Mamani.
« Mon architecture n’est pas une architecture exotique, mais une architecture andine qui transmet une identité et qui récupère l’essence d’une culture ». F. Mamani.
L’art latino-américain à l’honneur
Parmi les 250 oeuvres exposées, j’ai aussi beaucoup aimé l’éblouissante toile colorée « A Primeira Missa » (la première messe) réalisée par l’artiste brésilien Luiz Zerbini (1959 – ).
J’ai aussi été marquée par les travaux de Claudia Andujar (1931 – ) et Miguel Rio Branco (1946 – ) qui nous font découvrir les incroyables ornementations corporelles des Kayapó (peuple indigène du Brésil). Toujours au Brésil, l’artiste Anna Mariani (1935 – ) nous fait découvrir les façades colorées des maisons du Nordeste. Au Pérou, le photographe Martín Chambi (1891-1973) a saisi de surprenantes photos du Macchu Picchu datant de 1920 !
Une magnifique exposition à découvrir jusqu’au 24 Février 2019 à la Fondation Cartier. Avis aux curieux, amateurs d’Art et amoureux d’Amérique latine ! 🙂
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