Effets miroir Salar d'Uyuni Bolivie
Réflexions

Ô toi amoureux du monde, voyageur insatiable, à quoi penses-tu en cette période de confinement ?

De mon côté, je pense aux voyages évidemment et à l’Amitié !

Alors que nous sommes en pleine période de confinement, je pense très souvent à une chose : partir explorer le monde! Et je me replonge avec plaisir dans mes souvenirs et albums de voyages. L’autre jour, une amie québécoise me renvoyait une photo de nous à Sucre, en Bolivie. Elle me rappelait aussi notre périple jusqu’au Salar d’Uyuni et nos péripéties pour rejoindre la Paz. Que de bons moments partagés, une expérience unique et incroyable. Cela fait remonter tellement d’émotions. Nous nous étions rencontrées dans une école de langue à Cochabamba et le courant était tout de suite passé : « un vrai coup de coeur amical ». Six ans après, waoo six ans après ! On s’appelle toujours, on se raconte nos vies et tant de choses ont passé. Par la suite, nous avons même vécu proche l’une de l’autre à Montréal ! Les voyages, ce sont de nombreuses rencontres surtout lorsqu’on voyage seule et des amitiés qui perdurent « hasta donde nos lleve el viento » / jusqu’où le vent nous porte.

Ombres salées
Ombres salines – Un mois de mars à la découverte du Salar d’Uyuni en Bolivie

Je suis tiraillée entre l’urgence de voyager autrement et l’envie de découvrir le monde.

Pour avoir travaillé plusieurs années dans le Tourisme en France et à l’étranger et pour m’y intéresser de près, la démarche de voyager autrement, de manière plus durable et responsable fait couler beaucoup d’encre et donne à réfléchir. Le secteur du Tourisme est actuellement très touché par les effets du COVID-19 et de nombreuses destinations réadaptent leur image et leur discours de marque. En effet, il paraît inéluctable de revenir à un tourisme de proximité qui valorise la redécouverte de son territoire. De nombreuses agences ont senti le vent tourner et proposent depuis quelques années de voyager de manière éco-responsable en offrant notamment la possibilité de réaliser des expériences ou micro-aventures proches de chez soi. Il est certain que la France est un pays magnifique qui nous offre énormément de possibilités. Habitant en Bretagne, je n’ai pas à me plaindre quant au nombre incroyable d’escapades à réaliser le temps d’un week-end ou plus 🙂 . Oui mais, une autre voix me dit qu’il y a tellement de destinations tentantes… Et je rêve du Mexique, de l’Indonésie, de repasser par le Pérou et la Bolivie. Allons-nous, ou plutôt vais-je réussir à stopper mes désirs de voyages au long cours ? Comment tarir cette soif de découvertes ? Regarder des reportages, lire des romans d’aventures, cultiver ses langues vivantes (…) suffirait-il à réfréner ses désirs ? Aux plus chanceux d’entre nous, aux blogueurs et aux influenceurs, ne devrions-nous pas raisonnablement limiter nos explorations hors frontière à un seul pays par année ? N’est-ce pas le minimum que l’on puisse faire ? Est-ce bien raisonnable de réaliser un saut de puce dans une 50 aine de pays en un an seulement ? Bonjour le bilan carbone…

Plage paradisiaque, Ile Vierge, Finistère ©UrbanAndWild.

Je reconnaîs cette chance immense de pouvoir explorer et repenser le monde depuis chez moi.

En me replongeant dans mes albums photos, je me remémore des moments agréables, des rencontres insolites, des musiques, et cette liberté de rester plusieurs jours dans un endroit qui me plaît. Il m’arrive aussi d’oublier certaines informations. La ville de Salvador de Bahia au Brésil m’avait beaucoup marqué par exemple. Et c’est ainsi que je me suis mise à chercher des informations sur le quartier de Pelourinho (petit pilori), à écouter de la musique brésilienne et à sélectionner des films à voir dans les prochains jours comme Bacurau. En parallèle, je me rends compte à quel point l’injonction actuelle de rester chez soi se révèle en quelque sorte être un luxe. Assurément, j’ai aussi bien conscience que le sort de chacun n’est pas le même. Toutefois, une majorité d’entre nous avons l’immense chance d’avoir un toit au dessus de nos têtes! Il est aussi possible de voyager depuis chez soi en cuisinant indien, colombien… En faisant appel à notre imagination et à notre créativité, le voyage se réalise en tout temps et de multiples façons. Où que nous soyons confinés, il y aussi tellement de bons reportages à regarder. Je pense notamment à Anote’s Ark, l’Arche d’Anote qui nous fait découvrir l’immense beauté d’une île menacée par les conséquences du changement climatique et sa population contrainte d’émigrer au plus vite. Ce genre de film nous rappelle à quel point il est urgent de ralentir et de repenser à notre système dans son ensemble.

Pelourinho, Salvador de Bahia, Brésil
Centre historique de Salvador de Bahia au Brésil

Bref, je pense à beaucoup de choses en ce moment et m’inquiète aussi. Tout est parfois confus entre nos désirs et la réalité actuelle d’un monde qui nous glisse entre les mains. Cette pandémie ne présage rien de bon pour la suite. La plupart des gouvernements semblent également dépassés. Allons-nous changer une bonne fois pour toute nos comportements individualistes ? Cette crise va t’elle réussir à nous freiner et à nous faire prendre conscience de l’urgence de vivre autrement ? Allons-nous en ressortir plus forts et plus solidaires ? Et les voyages dans tout celà ? Est-ce un désir totalement égoïste ? Faut-il se résoudre à rester chez soi une bonne fois pour toute et à envisager uniquement des découvertes de proximité ?

Merci de m’avoir lu cher/ère lecteur/trice et merci pour ton éventuel commentaire. Je t’invite à découvrir, pour le plaisir, cette courte liste de pépites :

  • De la musique brésilienne du groupe Os Tincoãs originaire de Bahia : Deixa a Girar Girar
  • Un récent documentaire sur « Bahia, perle noire de l’Atlantique »
  • Plus d’informations sur le magnifique documentaire Anote’s Ark sorti en 2018 et réalisé par Matthieu Rytz
  • De jolis comptes comme Vie Nomade ou encore Boui-Boui qui ne font que titiller nos papilles avec des recettes originales et saveurs du bout du monde 🙂
  • Réinventer le monde à travers un extrait du documentaire poétique, 24 Davids réalisé par Céril Baril. J’ai eu la chance de le découvrir à la Cinémathèque québécoise mais ne sait pas s’il est accessible en ligne.
  • Une plateforme intéressante de documentaires gratuits : Imago TV

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  • Chloé
    13 avril 2020 at 15 h 26 min

    Merci Marie pour cet article et de m’avoir ajouté à tes pépites !
    Je suis aussi issue du secteur touristique et je dois avouer que je me pose beaucoup de questions ces derniers temps avec le covid-19 et même avant la crise sanitaire. J’ai eu comme un déclic écologique il y a plus de deux ans et depuis je prône les transports alternatifs plutôt que l’avion, le tourisme de proximité, la découverte de son propre territoire et l’ouverture aux cultures du monde qui sont juste là, près de nous.
    Curieuse et gourmande, j’essaye de découvrir un pays par le biais de sa nourriture, de ses rituels culinaires, … et rien que ça, t’es dépaysée !
    Belle semaine et au plaisir d’échanger.